Continuum Lab, le premier Think Tank des métiers de la sécurité et de la justice cofondé en 2021 par la mutuelle INTÉRIALE et six partenaires membres fondateurs, publie avec le Cevipof (Centre de Recherches politiques de Sciences Po) les résultats d’une étude dédiée à la perception des métiers de la sécurité et de la justice par les jeunes, inédite par son sujet et son ampleur. L’enquête a été réalisée par l’Institut BVA sur un échantillon représentatif de 3000 jeunes âgés de 16 à 24 ans, du 29 août au 18 septembre 2022. Son périmètre s’étend à tous les métiers de la sécurité intérieure (armée, gendarmerie, police, pompiers, sécurité privée) et de la justice.

Contexte et objectifs

Cette photographie de la perception des 16-24 ans des métiers de la sécurité et de la justice est la première depuis plus de 20 ans. Elle a vocation à nourrir le débat public et ainsi trouver, avec toutes les parties-prenantes des solutions pour améliorer l’image, la perception et l’attractivité de ces métiers essentiels au bon fonctionnement de notre société.

Créé en 2021 par la mutuelle INTÉRIALE et des partenaires institutionnels influents et au plus près de la réalité des agents (l’AHFPN, l’ENSP, l’AACRMI, Femmes de l’Intérieur, l’ACPNSI et le fonds de dotation AMICHEMI), le Think Tank Continuum Lab initie le dialogue entre tous les représentants des métiers de la sécurité et de la justice afin de proposer des pistes de solutions efficaces aux pouvoirs publics en faveur de la Qualité de Vie au Travail des agents de la fonction publique.

Dans un contexte où la perception d’une société plus violente est largement partagée, cette enquête contribue à modérer le débat en l’enrichissant de données de terrain, et elle bat en brèche nombre d’idées reçues sur la jeunesse et ses rapports aux autorités.

 

Les métiers de la sécurité et de la justice sont à la fois ancrés dans notre quotidien et essentiels pour une société démocratique, pourtant, ils sont mal-connus et victimes de projections fantasmées qui polluent le débat public. En créant Continuum Lab avec nos partenaires, nous souhaitons apporter un regard réaliste et sans parti-pris sur les relations entre les Français et ceux qui les protègent. C’est dans cet esprit que nous avons réalisé cette grande étude sur un large panel de jeunes. L’enjeu est de taille : permettre de proposer des solutions au service des décideurs des ministères et des collectivités territoriales pour accroître l’attractivité de ces métiers.

GILLES BACHELIER, PRÉSIDENT DU GROUPE INTÉRIALE

Les principaux enseignements : les jeunes sont conscients de la complexité des missions

I- Leur image des institutions

La confiance des jeunes envers les acteurs des missions de sécurité et de justice est globalement favorable

Les jeunes interrogés font largement confiance aux corps constitués comme l’armée, la gendarmerie et les pompiers. Il en est de même, pour la police : 65 % disent avoir « confiance » en elle.
En termes de perception, les jeunes sont réalistes et conscients des difficultés inhérentes à l’exercice des missions de sécurité et de justice. Ainsi pour la police, plus des ¾ saluent le dévouement des agents qui les exercent, 70% les trouvent accessibles, et 68 % reconnaissent qu’ils manquent de moyens. Concernant les allégations de racisme envers la police,1 jeune sur 2 estime qu’il n’est pas plus présent qu’ailleurs ou que dans d’autres métiers.

II- Leurs relations avec les dépositaires de la sécurité et de la justice

Confrontés à une expérience concrète, les jeunes sont conscients de la complexité des situations.

Plus de 8 jeunes sur 10 ont déjà été en contact avec la police : dans le cadre de contrôle ou d’une demande d’information pour plus d’un sur deux. À noter que pour 44 % d’entre eux, l’objet était un dépôt de plainte et 21% pour avoir eux-mêmes commis un acte illégal. Si les jeunes constatent une recrudescence de la violence dans l’espace public (92 % estiment notamment qu’il existe des problèmes graves entre les jeunes et la police), pour 64 % d’entre eux, les torts sont partagés, la responsabilité est collective. Seuls 6 % considèrent la police comme seule responsable.

III- L’attractivité des métiers de la sécurité et de la justice

En quête de sens et d’engagement au service des autres, les jeunes sont attirés par les métiers de la sécurité et de la justice (83 % s’imaginent pouvoir exercer l’un d’eux un jour).
Pompier et militaire sont les métiers les plus cités par les jeunes comme étant attractifs. Plus mal connus, les métiers de la justice font l’objet d’un enthousiasme plus mesuré (deux d’entre eux sont mieux connus, avocat (46 %d’entre eux le mentionne) et juge (39 %).

Globalement, l’envie d’exercer une mission de service public pour aider le plus grand nombre incite les jeunes à se projeter dans une éventuelle carrière dans ces métiers. 67 % déclarent pouvoir envisager de rejoindre les effectifs de la police. Néanmoins, ils demeurent réalistes quant aux exigences de ces métiers, mentionnant les qualités de courage, la prise de risque et l’engagement physique que les missions de sécurité requièrent.

 

Cette enquête bat en brèche les idées reçues d’une jeunesse française aux opinions monolithiques. Tout au contraire, les jeunes interrogés font preuve de nuance et de pondération. S’ils déplorent les violences ou les discriminations, dont peuvent être accusées les forces de l’ordre, ils dénoncent aussi le manque de formation et de moyens des personnels et ne négligent pas la complexité des situations rencontrées sur le terrain. Leur esprit critique est au rendez-vous de leurs jugements sur ces questions.

ANNE MUXEL, DIRECTRICE DE RECHERCHES EN SOCIOLOGIE ET EN SCIENCE POLITIQUE AU CNRS (CEVIPOF/SCIENCES PO), SPÉCIALISTE DES COMPORTEMENTS POLITIQUES ET SOCIAUX DE LA JEUNESSE

 

la maturité des positionnements des jeunes et la nuance qui apparait entre la perception des institutions et des métiers de la sécurité et de la justice.

OLIVIER RENAUDIE, PRÉSIDENT DU COMITÉ SCIENTIFIQUE DU CONTINUUM LAB, PROFESSEUR DE DROIT PUBLIC À L’UNIVERSITÉ DE L’UNIVERSITÉ PARIS-I-PANTHÉON-SORBONNE