Frédéric Lauze et Michel Schaballier, Commissaire Généraux, viennent récemment d’être élus respectivement Secrétaire général et 1er secrétaire général adjoint du syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN). Ils prennent la parole pour INTÉRIALE sur les principaux enjeux de leur organisation dans les semaines et les mois à venir et partagent leur vision du rôle de la police nationale.

 

Vous venez d’être élu en binôme Secrétaire général du syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN) et 1er secrétaire général adjoint. Quels sont les principaux enjeux pour votre organisation dans les semaines et les mois à venir ?

Les principaux enjeux qui nous attendent sont de trois ordres. Le premier consiste dans la mise en place de la réforme de la police nationale, qui transforme l’organisation centrale et territoriale de la Direction Générale de la Police Nationale. Le deuxième enjeu est la sécurité de l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024. Pour ces deux enjeux, les commissaires de police sont en 1ère ligne.

Le troisième enjeu concerne l’adaptation de la police nationale aux conséquences des émeutes de juin et juillet 2023. Cela constitue un enjeu sécuritaire majeur, au regard du niveau de violence constaté et du fait que ces émeutes ont eu lieu dans la plupart des grandes et moyennes villes de France.

Nous sommes également concernés par la réforme de l’encadrement supérieur de l’Etat, pour lequel le SCPN sera attentif à préserver et à améliorer les conditions de statuts des commissaires de police et leurs parcours de carrière. Le SCPN sera également particulièrement vigilant sur la défense juridique des policiers, de plus en plus exposés à l’occasion de l’exercice de leurs fonctions, comme le maintien de l’ordre ou l’emploi de la force légitime notamment pendant les émeutes.

Comment envisagez-vous le rôle de la police nationale, face à une société de plus en plus violente et au déclin du respect de l’autorité ?

L’action de la police nationale doit s’inscrire dans un continuum de sécurité et un continuum judiciaire pour être pleinement efficace. Les commissaires doivent contribuer à élaborer des stratégies d’ensemble qui vont de la prévention de la délinquance à l’élucidation des affaires, mais également une réflexion sur le rapprochement indispensable entre la police et la population.

Il convient aussi de renforcer l’attractivité de la filière judiciaire, qui fait partie du cœur de métier de la police nationale. Il est impératif qu’il y ait un choc de simplification de la procédure pénale, pas seulement pour faciliter le travail des policiers et des magistrats mais aussi pour mieux élucider et renforcer la place et les droits des victimes dans la procédure.

Quel message souhaiteriez-vous adresser aux commissaires de police et plus largement à l’ensemble des policiers en ce début d’année 2024 ?

Toutes les enquêtes d’opinion montrent que la police nationale bénéficie d’un haut niveau de confiance, il faut se le rappeler car certaines campagnes médiatiques essaient de démontrer le contraire. Le métier de commissaire de police est un métier noble et exigeant, et qui est très attractif. Les questions de sécurité sont devenues omniprésentes et très sensibles : lutte contre la petite et moyenne délinquance, lutte contre la criminalité organisée, rétablissement de l’ordre, renseignement et lutte contre le terrorisme, lutte contre le trafic de stupéfiant qui est devenu un enjeu non seulement de sécurité mais aussi de souveraineté.

L’exercice du management est difficile et demande un grand professionnalisme. Les commissaires de police sont au centre des questions sociétales et, comme chef de police, ils exercent un métier passionnant, utile et dont le sens n’est pas à démontrer.